L'Eglise Sainte Marie-Madeleine

Renseignements pris sur le site de la mairie

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Au XVIe siècle Johan de Cardailhac, abbé de Belleperche, ordonne la construction d’une église, flanquée d’un majestueux clocher hexagonal ainsi que d’un massif pont de pierre qui alimente de passage routier (aujourd’hui il n’existe plus).

Les armes de Cardailhac se trouvent sculptées sur les galeries du clocher. Elles sont : de gueules du lion d’argent, lampassé, armé et couronné d’or, accompagné de 13 besants en orbe.

L’église de Larrazet est à nef unique, avec chevet carré. Elle est entièrement bâtie en pierre de taille tirée des carrières de la localité. La cause de cette disposition, d’après la thèse de M. Raymond Rey, provient du besoin d ‘utiliser les églises comme lieu de refuge lors des Guerres de Religion; il fallait supprimer bas-côtés et arcsboutants, qui fournissaient à un assaillant un peu hardi des facilités d’escalade. La porte d’entrée est à plein cintre, dans le remplage duquel se trouve une statue effritée qui devait représenter la Vierge tenant l’Enfant-Jésus. A la base des montants on devine des motifs en flamboyant.

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La nef mesure 45 m de longueur sur 8,50 m de largeur et 12 m de hauteur. Elle est orientée de l’est à l’ouest: le chevet se trouve à l’occident. Elle se compose de cinq travées, dont la dernière forme le sanctuaire; chaque travée est marquée par un fût micylindrique, mince, sans chapiteau, d’où se détachent les formerets, deux arcs et un doubleau. L’éclairage de la nef mérite de retenir l’attention. Il y a en tout douze fenêtres en ogive, ébrasées, mais de trois grandeurs différentes. Les unes –les plus grandes– sont assez proportionnées aux dimensions de l’édifice; les moyennes, qui sont environ les deux tiers de précédentes, donnent déjà l’impression de leur insuffisance; les plus petites n’ont guère que la moitié de la hauteur des grandes et ne répondent point aux proportions du vaisseau. Sur chacun des côtés de la nef s’ouvraient trois chapelles gotiques, avec ouverture ogivale, formerets et croisée d’ogive. Deux de ces chapelles donnaient sur le choeur: l’une est devenue la sacristie, l’autre a été démolie. Il reste encore cinq chapelles: naturellement plus basses que la nef, elles sont toutes bâties en dehors de celle-ci.

Extérieurement les murs sont épaulés par de solides et lourds contreforts massifs en pierre de taille de 1,30 m le largeur. Ils portent un couronnement à simple glacis rectangulaire, à un seul versant. Ils ont au nombre de cinq sur chaque mur latéral, dont un à chacun des angles. Quelques uns de ces contreforts ont été utilisés dans la construction des murs des chapelles, contrebutées elles-mêmes par des contreforts moins puissants.

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Sur le côté nord de l’église s’élève le clocher, construit hors-oeuvre et avec les mêmes matériaux que l’église. Il est à 7 métres en arrière de la façade d’entrée. Il porte deux galeries formant arcs et rosaces. Sa base carrée s’élève jusqu’à la première galerie. La partie supérieure est octogonale. Des fenêtres en ogive et à meneaux, dont les montants ont disparu, ont été souvent remplacées par une maçonnerie de briques destinée à boucher les ouvertures. De la base des glacis naissent des clochetons gothiques. La hauteur du clocher est de 30 métres

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En 1686 le curé du village ordonne l’édification d’un retable qui remplace un décor polychrome sur le mur du fond de la nef centrale ; sur une imposante structure de chêne massif, des artisans sculpteurs façonnent un ensemble de scènes, de statues et de décors. Un famille de sculpteurs, un père et ses trois fils, va s’évertuer à donner une vie un projet surprenant : un édifice mural fort de ses 60 m² de superficie.

 

Sculptures directes sans moulages, à l’habileté du poignet, savoir-faire patient et obstiné, riche de son expérience en la matière…ces hommes ont modelé une vision de leur monde, ont fabriqué une interprétation des récits bibliques, quelque part à la limite entre le profane et se sacré.

En entrant dans la nef centrale une immense fresque emplit l’oeil : vous verrez une scène biblique centrale, bien encadrée de 2 personnages massifs, imposants et impassibles. Le 1er niveau donne l’air d’un temple ouvert. Le repas de Jésus chez Simon le Pharisien est un tableau en relief.

Au dessus du temple, une autre scène biblique, la rencontre de Madeleine avec le Christ, à sa résurrection. C’est un jardin dans le ciel, où ramages et corps drapés prennent des reliefs de nuées, l’impression d’une scène aérienne.

L’oeil est aspiré irrésistiblement par un fourmillement de formes : la montée vers le retable opère alors comme un travelling, la composition se réveille devant nous, elle prend vie, tous les acteurs de la fresque s’animent, leurs regards emplissent l’espace.

Les colonnes torses

 

Les Quatre colonnes torses, qui rythment l’ensemble dans un balayage du regard et qui sont sensées apporter une stabilité à la structure de l’édifice, vous entraînant dans leur mouvement de spirale, jeu complexe de la stabilité et de l’instabilité. Des angelots grimpants font partie de ce tourbillon et invitent du regard à passer à la scène centrale.

 

La scène centrale

 

En contraste avec parties latérales et massives, le tableau central vous accueille à la table de Simon le Pharisien, Madeleine parfumant les pieds de Jésus. Sensation étrange que ce moment, qui porte le message le plus important de cette scène biblique, semble aussi une scène quotidienne d’amour. Interprétation duale de la vie, l’ambiguïté savante et recherché entre le profane et le sacré : la position de Madeleine, l’air enjoué de Jésus.

Autre phénomène singulier, les deux personnages forts de ce tableau, en forment le cadre, et n’occupent pas les places fortes habituelles de la composition d’une oeuvre. Pourtant ils occupent bien le premier plan.

Plus curieux encore, ce tableau qui est une sorte de « peinture épaisse », montre une profondeur de champs importante, alors que les « fenêtres » qui l’encadrent sont de véritables objets massif en épaisseur, presque réels, n’en ont aucune. Comme si, là où l’on trouve le moins de réalité, il y a le plus de message.

Dans la profusion des regards qui emplissent l’espace, un mouvement de lignes convergent vers le plateau incliné, défi artistique aux lois de l’équilibre, point central du tableau. Il ouvre la scène sur un paysage lointain extérieur. Le vase qu’il porte rappelle étrangement le vase de parfum du 1er plan, et bien sur celui de « Scène finale » du Christ avec les apôtres, comme si la présente scène en était une répétition.

 

Noli me tangere

 

La scène de la plus haute valeur spirituelle prend place au dessus d’une corniche qui sépare ce monde réel de l’Au-delà. On retrouve Madeleine : dernier relais entre le Christ et les hommes, une Madeleine transformée, une autre Madeleine. Le Christ lève le doigt au ciel, interprétation nouvelle de la traduction biblique « noli me tangere » (ne me touche pas), ce n’est pas ce que semble traduire le geste du personnage. « Je dois monter auprès de mon père, je dois m’élever » interprétation qui retrouve le sens messianique de la vie du Christ dans son ultime phase de transformation, appel à la pureté de l’esprit.

 

Ombre, Lumière et Art du mouvement

 

Le stuc, patte compacte et malléable, collé sur une ossature de chêne massif offre au sculpteur un champs d’expression immense : aucun moulage dans cette composition, un façonnage patient et passionné. Creusés de façon maniaque, visages, corps, frises et décors jouent savamment sous l’effet de faisceau lumineux pour donner une impression de vie à l’oeuvre tout entière. Pas de polychromie, un simple badigeon blanchâtre de protection et un éclairage latéral, suffisent à l’expression vivante d’un ensemble. Dès la montée de la nef, le spectacle grandit et donne l’impression d’animation, ensuite les éléments éclatent sous la proximité du regard. Une église est un lieu de déplacement, chaque angle de vue portée sur la scène centrale en donne une interprétation différente : c’est le génie de l’art baroque.